Le “dire” de la peinture



En la précédant, l'analyse détermine l'œuvre. Pratiquement, la sensation "captée" est   re-tenue pour étude,ce qui conduit au choix des éléments totalement asservis à “l’orchestration”. Cette phase préparatoire est effectuée hors de l’espace pictural définitif.

        Ensuite, la réalisation même du tableau ne dépend plus que de la disposition des partitifs et de l’éclat de la couleur: leur synthèse à vocation de présence.

        Ce processus, d’abord intuitif avant d’être clairement défini, ne relève pas d’une simple décision: choisir de porter au plan de la raison, pour en tenir compte, l’aperception de “être” est nécessairement l’effet d’une épreuve. Repris en art, ce rapprochement de la poésie et de la pensée se révèle d’abord comme une difficulté ; mais lorsque le “différend” pressenti à l’égard de la présence devient plus familier, cet écart s’avère être précisément à la fois l’origine et le soutien de la motivation.

        Cependant, dès qu’elle s’installe dans sa plastique, l’œuvre échappe à ses raisons créatrices qui s’estompent en direction d’une analyse phénoménologique où seraient retrouvées les stases de la temporalité, indices d’une position plus originaire quant à l’être.

        Cette tendance n’échappe pas à la relation sujet-objet. Mais dans ce cas, la motivation en sa qualité même acquiert la primauté par rapport au motif; paradoxalement, ce qui apparait comme une confirmation du subjectivisme, dévoile en le renforçant le rôle essentiel de l’œuvre:

celui du signe faisant signe.

        Ainsi, à chaque fois, ce que veut montrer l’œuvre, c’est cette ouverture: dans-un-tel-espace-du-temps-et-de-façon-particulière, quelque chose vient à l’Apparaître.

        Pour moi, le don du tableau c’est cette venue même nous conviant à la Présence.

Daise, août 2006




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